La clarté managériale n’est pas un bonus, c’est le cœur de votre métier.
Dans toutes les organisations que j’ai pu observer au cours de ma carrière, la vitesse d’exécution et l’alignement reposent sur un seul levier : la clarté du/des message(s).
Quand une équipe hésite ou repose les mêmes questions en boucle, la plupart des managers pointent du doigt un manque d’initiative, d’autonomie ou d’engagement. Mais la vérité, qui fait mal, est que dans la majorité des cas, la confusion n’est pas due à une question de compétence mais plutôt de “leadership”.
Votre travail en tant que manager n’est pas seulement de fixer les objectifs mais aussi et surtout de les rendre impossibles à ignorer, difficile à interpréter, impossibles à déformer.
Le désastre du “j’ai pourtant été clair”
Beaucoup de managers pensent qu’ils ont été clairs… parce qu’ils ont dit quelque chose une fois, avec conviction et peut-être même une présentation très impactante en réunion. Mais la clarté ne se joue jamais en un seul message.
La clarté, c’est une transmission persistante, structurée et répétable des priorités.
Symptômes d’une fausse clarté :
Messages stratégiques délivrés une seule fois.
Mots creux du type “alignement”, “impact” ou “ownership”, sans traduction opérationnelle.
Délégation sans définition de livrables.
Absence de répétition structurée dans les rituels de l’équipe.
Si vous vous reconnaissez dans ces phrases/actes, c’est que vous diffusez plus de brouillard “stratégique” que de consignes opérationnelles claires.
En d’autres termes, vous ouvrez la porte à l’interprétation et les priorités se diluent.
La clarté est un système
Un Manager Solide ne s’appuie ni sur son charisme, ni sur l’inspiration, et encore moins sur des techniques de motivation (qui d’ailleurs est personnelle avant tout, j’en parlerai dans un prochain article).
Il met en place un système de clarté, intégré dans le fonctionnement hebdomadaire de son équipe. Voici ce que je vous propose.
Les briques de votre “système de clarté” :
1. Précision du message
Formulez les priorités stratégiques en 7 à 10 mots maximum.
Classez-les clairement : tout ne peut pas être “priorité n°1”.
Bannissez le flou : remplacer tous les messages du type “Soyez proactifs” par “Réduisez le temps de réponse client de 30 % pour telle date”.
2. Modèles mentaux et livrables
Traduire la stratégie en images mentales opérationnelles :
À quoi ressemble “le travail bien fait” ?
À quoi ressemble “hors des clous” ?
Qui est responsable de quoi, pour quand ?
3. Répétition et rythme
Répétez les priorités chaque semaine, dans un format stable (comme un fil rouge, intégré à votre briefing de début de semaine, par exemple) .
Utilisez les rituels (kick-offs projet, stand-ups, 1:1) comme boucles de renforcement.
Acceptez la fatigue de répétition — et continuer quand même.
Le Manager Solide opérationnalise la clarté : par des comportements répétés, des standards visibles et une organisation stable.
Le multiplicateur ultime de performance, est une compréhension partagée, répétée, et non négociable de ce qui compte vraiment (et de ce qui ne compte pas).
Votre audit express du Manager Solide
Si ton équipe dérive, commence par ces questions :
Ai-je formulé mes 3 vraies priorités en langage simple auprès de mon équipe ?
Chaque membre peut-il les répéter sans hésitation ?
Mes rituels créent-ils de la clarté, si oui sur quoi ?
Ai-je défini à tous les niveaux à quoi ressemble “fait” ?
Ça va à l’encontre du storytelling bullshit à la mode sur LinkedIn.
Mais c’est un rappel essentiel : le leadership n’est pas défini par votre vision. Il est défini par le niveau de lisibilité, de répétabilité et d’opérationnalité de cette vision pour ceux qui vont l’exécuter.
Finalement, la clarté est juste la norme
Dans mon expérience, la confusion dans une équipe n’est pas une question de personnalité. C’est un problème de système, et dans une équipe opérationnelle, ce système commence par le manager.
Si votre équipe est désalignée, dispersée ou lente, commencez par interroger votre clarté. Ce qui ne vous empêchera pas de questionner leurs compétences dans un second temps.
À votre Solidité,
Olivier KAMEL